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SARH TPE/PME : Conseils pratiques pour prévenir le risque infectieux dans le secteur de l'aide à domicile

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Le risque infectieux 

Carole MORNEAU, médecin et conseiller médical a rappelé ce que l'on désigne par agents infectieux (virus, bactéries, parasites), où l'on peut les trouver (linge et vêtements souillés, peau, surfaces...), comment les repérer (certains sont visibles, d'autres pas...) et a rappelé que le danger et les conditions de transmission varient selon l'infection et la personne exposée.

hygiene des mains

Les enjeux de la prévention du risque infectieux dans le secteur de l'aide à domicile

Dans le secteur de l'aide à domicile, l'employeur, l'intervenant à domicile, la personne aidée et son entourage sont impliqués dans le lutte contre le risque infectieux. 

Stéphane DA SILVA, ingénieur conseil, rappelle que l'enjeu pour l'intervenant à domicile est de ne pas être contaminé par les personnes aidées et réciproquement, de ne pas contaminer la personne aidée. Il doit donc se protéger et protéger l'autre.

L'employeur a l'obligation légale de "prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs." (Code du travail, Article L. 4121-1).

Par ailleurs, la contamination des intervenants (propagation entre intervenants ou personnes aidées contaminées par les intervenants) a des conséquences pour l'entreprise (arrêt maladie d'intervenants, recherche de remplaçant versus augmentation de la charge de travail sur d'autres intervenants, coût pour l'entreprise, ambiance dans l'entreprise, image de l'entreprise) et des conséquences chez les personnes aidées (l'intervenant peut les avoir contaminées ; un nouvel intervenant doit retisser une relation de confiance avec elles).       

Que doit faire l'employeur ?

Il doit mettre en place des actions de prévention, d'information et de formation auprès de ses salariés.

Il doit mettre en place de nouvelles procédures de réalisation des tâches (temps imparti) et fournir les équipements nécessaires avec la formation appropriée concernant leur usage.

Il doit suivre les évolutions et s'informer.

Il doit favoriser les conditions de mise en oeuvre des mesures définies auprès des personnes aidées, des aidants (faire prendre conscience des mesures demandées pour protéger les intervenants ; faire accepter l'application des mesures, en fonction de la situation et de l'état de la personne aidée ; impliquer l'entourage, les aidants pour faire accepter ces mesures).

Concrètement ?

Brigitte FACON, ingénieur conseil, responsable du laboratoire des bio-contaminants, rappelle le double objectif à atteindre : bloquer la transmission de l'infection et limiter l'exposition des salariés. 

Il existe des mesures de base, des mesures renforcées (lorsqu'une personne aidée est infectée, contagieuse), des mesures spécifiques exceptionnelles (en cas d'épidémie). 

Les mesures d'hygiène (personnelle et professionnelle)

- Exemples de mesures d'hygiène professionnelle (mesures de base) : se laver les mains avant et après une intervention au domicile ; porter une tenue de travail ; aérer régulièrement le domicile ; porter des gants. 

Pour nettoyer (éliminer les salissures, dégraisser...), il faut utiliser des détergents ; pour désinfecter (diminuer de façon importante le nombre de micro-organismes présents), il faut utiliser des biocides.

- Exemples de mesures d'hygiène professionnelle (mesures renforcées, situation épidémique) : ne pas manipuler les matériels médicaux coupants, piquants, tranchants à risque infectieux ; se laver les cheveux, la barbe tous les jours ; porter un masque chirurgical pour la toilette et les soins rapprochés ; appliquer les distanciations physiques recommandées et les gestes barrières.

Focus sur la mesure clé de prévention du risque biologique : se laver les mains, régulièrement, avec un temps minimal de lavage (eau et savon pendant 30 secondes) et à des moments clés (avant de commencer à travailler, de boire, de manger, en sortant des toilettes, avant de mettre un équipement de protection, avant et après avoir enlevé les gants de travail, après avoir touché un animal, après s'être mouché, en revenant des courses, après les avoir rangées, avant de faire la cuisine...). Le gel hydro-alcoolique (norme NF EN 14476) s'applique par friction sur des mains sèches d'apparence propre.  

Les mesures d'équipement

L'employeur doit fournir en quantité suffisante aux intervenants :

- Tenue de travail

- Tablier imperméable et jetable pour les changes et la toilette des personnes aidées

- Lunettes de protection contre les projections

- Gants jetables pour les soins, imperméables pour le ménage

- Masques chirurgicaux 

- Gel hydro-alcoolique

- Tout équipement nécessaire conseillé par le médecin du travail

L'employeur doit assurer le renouvellement des stocks.

Il doit proposer un sac pour protéger les affaires personnelles des salariés au domicile de l'aidé ; vérifier que chaque intervenant dispose de tous les équipements nécessaires à son intervention ; doter chaque intervenant d'une trousse de secours (conseil du médecin du travail) ; demander aux personnes aidées, tout matériel complémentaire nécessaire en cas d'épidémie (essuie-mains à usage unique, sacs poubelles, lingettes désinfectantes...).

Focus sur le masque et les gants : le masque chirurgical se porte sur la bouche et le nez, ne doit pas être touché après positionnement, est à changer toutes les 4 heures si humide ; un masque retiré doit être jeté et placé dans un sac plastique ou une boîte hermétique propre à refermer. Les gants à usage unique protègent du risque biologique et les gants de ménage protègent du risque chimique et il faut se laver les mains après avoir ôté les gants.  

Quelques bonnes pratiques 

Pour l'employeur  

- Evaluer les besoins et les risques liés à l'état de santé de la personne aidée et en informer les intervenants. Il doit se référer aux conseils du médecin du travail.

- S'assurer auprès de la personne aidée de la transmission de toute information concernant le changement de son état de santé ou s'en assurer auprès des aidants. 

- Demander aux intervenants de surveiller leur état de santé et de prévenir en cas de maladie contagieuse

- Rester en contact avec les intervenants et s’assurer de pouvoir les prévenir en cas d’urgence

- Connaître, faire connaître et appliquer la procédure en cas d’Accident Exposant au Sang (AES)

- S’informer auprès du médecin du travail si besoin sur les pathologies rencontrées et les précautions à prendre

- Contacter le médecin du travail en cas d’exposition d’un intervenant à un agent infectieux

- Former et informer les intervenants aux risques et règles à suivre pour prévenir les contaminations et ne pas s’exposer 

- Inciter les salariés à suivre une formation aux 1er secours.

Pour l’aide à domicile

⁻ Surveiller sa santé et informer l’employeur en cas de symptômes de maladie contagieuse (grippe, …)

⁻ Préparer ses interventions : être au courant de l’état de santé de la personne aidée et de son environnement ; avoir le matériel et les équipements nécessaires ; porter les équipements adaptés aux tâches effectuées : gants, masques ; changer de tenue en cas de projection et / ou salissure

⁻ Informer de toute évolution de l’état de santé de l’aidé ou de dégradation son environnement

⁻ En cas d’accident (piqure, coupure…) ou de projection de liquides biologiques, se soigner et informer l’employeur

⁻ Réaliser le ménage hors de la présence de l’aidé

⁻ Changer de tenue entre 2 personnes aidées si infection transmissible

⁻ Respecter et faire respecter (à la famille et à la personne aidée), les préconisations du personnel soignant

⁻ Appliquer les distanciations physiques recommandées / gestes barrières

Pour la personne aidée :

⁻ Organiser / favoriser l’intervention de l’aide à domicile

⁻ Informer l’intervenant de toute souillure du linge

⁻ Mettre à disposition un endroit / lieu propre spécifique pour que l’aide à domicile dépose ses affaires personnelles

⁻ Informer l’intervenant de tout signe clinique de pathologie contagieuse

⁻ Utiliser un cahier de liaison ou tout autre moyen pour transmettre les consignes particulières

⁻ Transmettre les informations / recommandations médicales en cas de pathologie infectieuse

⁻ Donner les produits / matériels / équipements spécifiques en cas de maladie contagieuse (lingettes, essuie-mains à usage unique, produits de traitement…)

⁻ Porter un masque en cas de pathologie contagieuse par voie aérienne, en particulier lors de gestes rapprochés et de la toilette

⁻ Respecter les consignes du personnel soignant et / ou des autorités sanitaires. S’adapter aux modifications amenées par la situation sanitaire

⁻ Evacuer ou faire évacuer par le personnel soignant, les déchets à risques infectieux ainsi que les matériels piquants, coupants, tranchants (boîte DASRI)

Echange avec les entreprises

Les salariés peuvent-ils imposer à l’employeur que les bénéficiaires portent des masques ?

Il est licite de demander aux bénéficiaires de porter un masque.

Il convient d’essayer de les convaincre pour assurer la sécurité des salariés et leur propre sécurité.

Les précautions doivent être prises pour l’intervenant et pour le bénéficiaire.

Si l’aidé est réticent, la direction et les salariés peuvent demander au bénéficiaire de porter un masque en argumentant que le port du masque va aussi le protéger.

Un bénéficiaire a des pathologies lourdes notamment cardiaques. Il exige que la direction et les intervenants fassent un test COVID-19. A-t-il le droit de le demander ?

Si le test COVID-19 est négatif, rien ne dit que quelques heures après, il sera encore négatif. La durée de validité d’un test est très courte.

L’intervenant peut avoir un test COVID-19 négatif au moment où il le fait mais compte tenu de la propagation de l’épidémie, être porteur du virus quelques temps plus tard et/ou être asymptomatique et donc ne pas savoir qu’il peut être contaminant.

Si le test COVID-19 est positif, la mesure d’isolement prévaut.

Le test COVID-19 n’est pas une mesure de prévention.

Pour rassurer le bénéficiaire, il est possible de mettre en place des mesures particulières (mesures d’hygiène renforcées, désinfection des points contacts, aération du domicile…) pour lui montrer que vous faites un effort tout particulier compte tenu de sa pathologie et le rassurer.

Le chef d’entreprise ne peut imposer à ses salariés d’effectuer le test COVID-19.

Un client a des symptômes mais n’a pas encore été testé. Doit-on mettre en place tous les équipements de protection individuelle pour le personnel ?

D’une façon générale (même hors COVID-19), l’équipement de protection individuel (EPI) est une solution permettant de limiter la contamination.

Le masque est indispensable, que la personne soit infectée ou pas.

Il s’agit des EPI classiques nécessaires pour réaliser une toilette ou un soin.

S’agissant de porter des surblouses, des charlottes, il faut voir quelle est la situation de la personne et se rapprocher de son médecin traitant qui donnera ses consignes.

Si la personne présente des signes cliniques et est infectée, il faut prendre des mesures particulières.

Vous pouvez aussi contacter le médecin du travail. Il est là pour vous conseiller et vous fournir des préconisations concernant la prévention des risques professionnels.

Peut-on obtenir une priorité pour passer un test COVID-19 ? Si oui, où et comment ?

Tout le monde peut passer un test COVID-19.

Selon les laboratoires, il y a des priorités ou non.

Dans certains laboratoires, il y a une priorité quand vous avez une ordonnance médicale ou si vous avez des symptômes.

Si vous avez des symptômes, il ne faut pas aller travailler.

Pour passer le test COVID-19, le salarié se met-il en arrêt maladie ?

S’il a des symptômes, logiquement, il est en arrêt maladie et isolé.

Si c’est pour savoir s’il est positif et qu’il est asymptomatique, il est au travail et passer le test COVID-19 peut se faire dans le temps de travail. Ce n’est pas une journée d’arrêt maladie.

A quel moment le salarié peut-il exercer son droit de retrait ?

Le salarié peut exercer son droit de retrait s’il pense être exposé à un danger, à un risque pour sa santé.

L’employeur doit l’entendre, étudier la situation (par exemple, si le salarié dit : je suis exposé à  un risque infectieux) et prendre des mesures de protection.

S’il existe un différend entre l’employeur et le salarié, ce sont les représentants du personnel et l’inspection du travail qui doivent être informés.